Des œuvres culturelles pour mieux comprendre les réalités autochtones

Des œuvres culturelles pour mieux comprendre les réalités autochtones
Kuessipan, film de Myriam Verreault/Filmoption International

1 août 2023

Si le Mois national de l’histoire autochtone, en juin, et la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre, sont des moments propices pour s’informer sur les réalités autochtones, il est aussi pertinent de cultiver sa curiosité et son ouverture tout au long de l’année.

Ça tombe bien, le milieu culturel foisonne d'œuvres qui abordent l’héritage, les réalités et les perspectives autochtones. Voici plusieurs contenus à lire, à regarder ou à écouter qui vous en apprendront davantage sur les Premières Nations, les Inuit et les Métis.

 

Pour toi Flora (série)

Réalisée en 2022 par la cinéaste mohawk Sonia Bonspille Boileau, cette minisérie en six épisodes porte à l'écran le traumatisme vécu dans les pensionnats catholiques où l’on a envoyé de force les jeunes Autochtones. Bouleversante, l’histoire suit un frère et une sœur anishnabeg qui y ont subi des sévices physiques et psychologiques dans leur enfance. Pour toi Flora n’est, certes, pas toujours facile à regarder, mais traite avec justesse de ce pan tragique de l’histoire canadienne qu’il est important de connaître. On s’attache aux personnages qui tentent de faire la paix avec ce passé douloureux et on se rend compte de ses conséquences, encore bien réelles aujourd’hui.

Pour toi Flora sera diffusée sur ICI ARTV le 30 septembre en rafale, dès 6 h. 

La série est aussi offerte sur ICI Tou.tv Extra.

 

Laissez-nous raconter : l’histoire crochie (balado)

Et si l’histoire était relatée du point de vue autochtone et non de la perspective européenne? Et si les colons n’avaient rien découvert? Ce balado, animé par la poète innue Marie-Andrée Gill, donne la parole à celles et ceux dont on apprend si peu de choses dans les manuels scolaires. Chaque émission nous propose de décoloniser nos connaissances et de plonger dans l’héritage et le savoir des Autochtones. Territoire, langues, autorité, stéréotypes racistes, fétichisation, spiritualité, alimentation, etc. : 11 premiers peuples au Québec et au Nouveau-Brunswick reprennent le bâton de parole afin de se réapproprier tous les sujets qui les concernent, de quoi démanteler le récit colonial hégémonique! En 2021, le balado a été lauréat du prix Numix.

Laissez-nous raconter : l’histoire crochie est offert sur Radio-Canada OHdio.

 

Nin Auass, moi l'enfant, de Joséphine Bacon et Laure Morali (recueil de poèmes) 

Pendant plusieurs années, la poète innue Joséphine Bacon et l’autrice française Laure Morali sont allées à la rencontre d’élèves du primaire et du secondaire au sein des 10 communautés innues du Québec. L’objectif de leurs ateliers d’écriture? Donner une voix à la jeunesse ainsi que lui offrir un espace pour s’exprimer et utiliser ses langues. C’est ainsi qu’est né cet ouvrage de poésie bilingue, en innu-aimun et en français, illustré par l’artiste visuelle Lydia Mestokosho-Paradis, originaire d’Ekuanitshit. Cette anthologie de poèmes incarne le désir de transmission générationnelle et met des mots sur l’espoir des jeunes Autochtones. Le livre a remporté le Prix littéraire des enseignants et enseignantes de français.

 

Aalaapi (balado)

Ce balado sorti en 2019 n’a rien d’ordinaire. Contemplatif et immersif, le documentaire audio signé Magnéto nous propose d’écouter les sons du nord du Québec. Durant une heure, on peut entendre les discussions de cinq femmes originaires du Nunavik suivies par l’équipe pendant plusieurs mois, mais aussi le vacarme du vent, le bruit des moteurs, les chants de gorge, le silence des grands espaces, etc. En inuktitut, « aalaapi » peut d’ailleurs se traduire par « faire silence pour entendre quelque chose de beau ». Ce reportage radiophonique est à la fois ancré dans la nature, mais aussi porteur des voix qui l’habitent. Le balado a également donné naissance à une pièce de théâtre. 

Le balado Aalaapi est offert sur Radio-Canada OHdio.

 

Shuni, de Naomi Fontaine (livre)

Ce roman de l’écrivaine innue Naomi Fontaine, paru en 2019, prend la forme d’une longue lettre. Elle y parle à une amie d’enfance, Julie (ou Shuni, en innu), dont la visite dans la communauté de l’autrice est imminente. Naomi Fontaine détaille la vie, la force et les réalités de la communauté innue, elle convoque le lourd passé de ses semblables et s’adresse parfois également à son fils. Le récit épistolaire s'appuie sur son histoire personnelle, puis se permet d’émettre une critique du colonialisme contemporain au Québec. En fait, Shuni traduit le souci de raconter « tout ce que les chiffres ne disent pas ». C’est un roman percutant et lumineux dans lequel une femme se réapproprie son identité tout en bâtissant des ponts pour l’avenir.

 

Kuessipan (film)

Adapté du roman du même nom de Naomi Fontaine, Kuessipan est avant tout l’histoire d’une amitié entre deux femmes de la communauté innue d’Uashat, située sur la Côte-Nord. Dans ce film dramatique réalisé par Myriam Verreault, on rencontre Mikuan et Shaniss, inséparables depuis l'enfance, jusqu’à ce que l’une d’entre elles tombe amoureuse d’un jeune homme blanc et envisage de quitter son territoire, malgré la désapprobation de ses proches et de sa communauté. Le long métrage a remporté plusieurs distinctions, dont trois prix lors des Rendez-vous Québec Cinéma en 2020. Il s’agit d’une œuvre touchante qui conjugue enjeux sociaux et épreuves individuelles.

Kuessipan sera diffusé le samedi 30 septembre à 12 h sur ICI ARTV.

 

Marguerite : la traversée (balado)

Connaissez-vous Marguerite Duplessis? Il est fort probable que non. Ce balado, réalisé en 2021, fait la lumière sur une femme qui a marqué l’histoire du pays, mais qui est tombée dans l’oubli. Cette héroïne méconnue a été la première esclave autochtone à avoir mené une lutte juridique afin d’obtenir sa liberté. Au fil des épisodes, l’artiste et militante Émilie Monnet retrace non seulement la vie de Marguerite, mais aussi le passé esclavagiste du Québec, une période historique occultée, mais dont les conséquences se font encore sentir. À la fois documentaire et poétique, ce balado poignant dévoile les injustices faites aux esclaves autochtones et leur résistance. 

Marguerite : la traversée est offert sur les plateformes d’écoute de balados.

 

Parcours bispirituel : autobiographie d'une aînée ojibwé-crie, de Ma-Nee Chacaby et Ma-Nee Chacaby (livre)

Il existe peu de ressources en matière de bispiritualité, et plus largement concernant les réalités LGBTQIA+ chez les Premières Nations. Toutefois, plusieurs personnes autochtones s’identifient comme bispirituelles lorsqu’elles reconnaissent chez elles la coexistence d’un esprit masculin et d’un esprit féminin. Dans cet essai, Ma-Nee Chacaby relate son parcours en tant que femme autochtone, lesbienne et porteuse des deux esprits. Son témoignage touchant, recueilli par Mary Louisa Plummer, aborde le processus d’affirmation de sa sexualité, mais aussi les violences subies et son cheminement résilient. Cet ouvrage souligne la sagesse d’une aînée. 

 

Le chemin de la guérison, d’Alanis Obomsawin (film documentaire)

En 2017, la documentariste Alanis Obomsawin, pionnière du cinéma autochtone, sort un film empreint d’espoir. On y découvre le quotidien de l’École Helen Betty Osborne, située dans le nord du Manitoba, où l’éducation de qualité qui y est assurée permet l’enrichissement de toute une communauté crie. Grâce à un financement adéquat et une approche basée sur l’héritage et le progrès, l’établissement prospère et prouve que les jeunes Autochtones peuvent aussi réaliser leurs aspirations. Avec ce long métrage documentaire lumineux, la réalisatrice nous démontre qu’une vie heureuse est non seulement envisageable pour les communautés autochtones, mais doit leur être offerte.

Le documentaire peut être visionné gratuitement sur le site de l’Office national du film (ONF)