Le 21 mars marque la Journée mondiale de la poésie. Afin de souligner l’événement, voici trois poètes du Québec qui jouent avec la langue et l’imaginaire pour notre plus grand bonheur. Laissez-vous emporter par les mots!

Uiesh, Quelque part, de Joséphine Bacon

Récompensée de nombreuses fois, l’incontournable poétesse et réalisatrice innue Joséphine Bacon nous immerge dans une véritable ode au territoire avec son ouvrage publié en 2018. La septuagénaire y parle sans crainte de son rôle d'aînée, de sa relation avec la ville, mais aussi de la terre de ses ancêtres, dans un style épuré, mais profond. Une sérénité découle de ses mots qui nous proposent un temps d’arrêt et d’observation tandis que l’artiste revient sur sa vie, sa nostalgie du temps révolu et la culture autochtone qui l’a bercée. Blessures et joie coexistent dans cet ouvrage qui mêle français et innu-aimun, sa langue maternelle. Évidemment, on vous invite à découvrir l'entièreté de l'œuvre de la grande Joséphine Bacon. 

La mémoire est une corde de bois d'allumage, de Benoit Pinette

C’est un retour à l’enfance auquel nous convie Benoit Pinette, plus connu sous le pseudonyme de Tire le coyote, par le biais de poèmes qui interrogent la valeur de l’héritage générationnel. Ses vers sont courts et lourds de sens, ils nous entraînent dans sa compréhension émotive du passé et dévoilent son désir d’offrir le meilleur aux personnes qu’il aime. Le musicien, avant de faire paraître ce premier recueil de poèmes en 2021, admirait déjà la prise de risque qu’implique la poésie en puisant directement dans les expériences personnelles. Il a même invité plusieurs poètes à prendre le micro lors de la tournée suivant son album Désherbage (2017). Imagée, musicale, saisissante, la poésie de Benoit Pinette s’épanouit sans difficulté.

Sainte Chloé de l’amour, de Chloé Savoie-Bernard

Paru à l’automne 2021, le dernier ouvrage de poésie de l’autrice Chloé Savoie-Bernard nous offre un voyage à travers sa fascination pour le divin. Bien que des thèmes tels que la violence sexiste et raciste, ainsi que la souffrance soient présents, la prose de la poétesse est traversée par une résistance lumineuse et un désir d’élévation, à la manière de l’univers religieux qui l’inspire. Ses mots ne font toutefois pas preuve de pudeur et se révèlent percutants. Ils nous amènent à observer des sujets intimes comme la sexualité, la relation aux autres et la construction identitaire, et l’on se reconnaît aisément dans sa quête d'équilibre. Si vous appréciez son lyrisme incisif, son précédent recueil, Fastes (2018), marie également tension et élégance.