Éloge aux personnages mal-aimés de la télé
Rafaële Bolduc
8 mars 2023
Je ne sais pas ce que ça dit sur moi, mais j’ai toujours préféré les antagonistes, les personnages méchants, vilains, pas fins dans les fictions. De la Team Rocket dans Pokémon à Ashley Winterbottom dans Complètement lycée, c’est toute une lettre d’amour aux personnages mal-aimés de la télévision que je vous déballe dans ce billet.
Lyne-la-pas-fine dans Les Invincibles
Crédit photo : Productions Casablanca
Ce palmarès se devait de débuter par la presque mythique Lyne Boisvert, interprétée tout en nuances par Catherine Trudeau. Au début de la série, quatre gars doivent laisser leur blonde respective au nom d’un pacte émancipateur. Le mari de Lyne, Carlos (Pierre-François Legendre), n’y parvient pas. Pour notre plus grand plaisir, Lyne demeure un personnage extrêmement important jusqu’à la toute fin.
Pourquoi l’aime-t-on? Bien qu’elle nous glace le sang, Lyne réussit à nous charmer. Femme de carrière, mais aussi de famille, qui veut raviver la flamme dans son couple (souvenons-nous du fameux Vicomte de Blainville), c’est un personnage tout sauf unilatéral. On t’aime toujours, Lyne!
Brad Spitfire dans Dans une galaxie près de chez vous
Crédit photo : 7jours.ca
Un autre incontournable de la vilenie, c’est Brad Spitfire (Stéphane Crête). Brad est on ne peut plus assumé dans sa méchanceté. Il est méchant, il en est fier et il se documente sur les grands tyrans de l’histoire. C’est du dévouement, ça! Partout où il marche, il sème la haine avec grâce.
Pourquoi l’aime-t-on? À partir de l’épisode « Spit-Barishny-Fire », Brad nous apparaît comme un être plus complexe et vulnérable. On éprouve même de l’empathie pour lui. Imaginez être captif dans l’espace alors que tout ce que vous vouliez, c’était faire les Grands Ballets. Peut-être que vous auriez la mèche courte.
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Ashley Winterbottom dans Complètement lycée
Crédit photo : productionsj.com
Enfin, on a notre Regina George québécoise! Ashley Winterbottom (Katherine Levac), c’est l’incarnation de l’archétype de la très populaire et très mesquine diva qu’on trouve dans les films d’ados américains. Véritable intimidatrice, elle est accompagnée de ses deux sbires, deux jumelles (Cloé et Noémie Leduc-Roy) qui la suivent à la trace et qui obéissent à son moindre sourcil levé. Son objectif est de rester au sommet du lycée, malgré l’arrivée de l’intrigante, maladroite et secrètement canadienne Allie (Rosalie Vaillancourt).
Pourquoi l’aime-t-on?Complètement lycée est une série qui pose un regard critique et joueur sur les codes classiques des fictions pour ados. Hilarante, elle s’adresse à la fois à la nostalgie et à l’intelligence du public. Ashley est un personnage parodique, qui a conscience de son propre archétype. C’est sans parler de ses looks iconiques qui évoquent le meilleur et le pire des années 2000.
La Team Rocket dans Pokémon
Crédit photo : IMDB.
Jessie, James et Miaouss travaillent pour la Team Rocket, une grande organisation criminelle. Leur but : voler le pikachu d’Ash. Leurs tentatives créatives, spectaculaires et ridicules sont des cadeaux que l’on attend impatiemment à chaque épisode.
Pourquoi les aime-t-on? Peut-être qu’on vous l’apprend, mais la Team Rocket, c’est super queer. Pour beaucoup de jeunes et moins jeunes, cela a eu l’effet d’un éveil de voir une représentation de la différence par la flamboyance des costumes, des chorégraphies, des chansons et des personnalités des personnages. En plus, Miaouss est l’un des seuls monstres de poche qui parle!
Gaius Baltar dans Battlestar Galactica
La science-fiction est souvent un prétexte pour traiter d’enjeux sociaux et politiques contemporains. L’isolement dans l’espace permet de mettre de l’avant des dilemmes moraux que l’on vit, à plus petite échelle, dans notre quotidien. Certes, Gaius Baltar (James Callis) est un lâche, mais il est accidentellement du mauvais côté de l’histoire (et du bon... vous l’écouterez!). Conscient de la trahison qu’il a opérée malgré lui, Gaius multiplie les mensonges, les manigances et les tricheries pour ne pas être découvert et ainsi éviter toutes représailles. Cette trahison, soit dit en passant, n’a mené à rien de moins qu’un génocide nucléaire de toute son espèce. Ce n’est pas rien.
Pourquoi l’aime-t-on? Battlestar Galactica n’est pas une comédie. Il y a parfois quelques petites répliques comiques, mais on ne rit pas aux éclats. Gaius, toutefois, est souvent source de rigolade. Ses mimiques presque clownesques, son amour-propre et ses authentiques cigares artisanaux (toujours « un des derniers de l’univers ») font de lui un trésor de la série.
Jeri Hogarth dans Jessica Jones
Crédit photo : IMDB.
Fait intéressant : dans les bandes dessinées de Marvel, Jeri est un homme. On doit dire qu’on apprécie énormément la décision d’en faire une femme dans la série télévisée, surtout jouée par Carrie-Anne Moss. Jeri est une avocate ingénieuse et sans pitié que personne ne voudrait affronter en cour. Elle engage souvent Jessica Jones (Krysten Ritter) comme détective privée, malgré que cette dernière éprouve un profond malaise envers l’éthique douteuse de Jeri (et nous aussi). Ambitieuse à fond et obsédée par le prestige, elle abuse de son pouvoir sur tout ce qui bouge.
Pourquoi l’aime-t-on? Le personnage de Jeri nous place devant une certaine ambivalence morale. D’une part, on admire sa force et sa détermination qui l’ont propulsée au sommet dans son domaine typiquement masculin. D’autre part, si elle est là, c’est justement parce qu’elle a su tirer profit d’un système qui exploite les communautés marginalisées. Ce genre de personnage vient dérouter notre boussole morale et nous pousse à remettre en question nos propres valeurs. Un petit autoexamen éthique!
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