Les œuvres incontournables de Clémence DesRochers

Les œuvres incontournables de Clémence DesRochers
Crédit : Pamplemousse Média

16 novembre 2023

Monologuiste, comédienne, autrice, poétesse, animatrice et scénariste, mais aussi chanteuse et illustratrice, Clémence DesRochers a véritablement marqué le Québec par son audace, sa polyvalence, sa poésie et son humour décapant. D’ailleurs, le public parle souvent d’elle en n’utilisant que son prénom tant elle est une figure majeure de la culture québécoise. L’artiste souligne ses 90 ans cet automne. 


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En sept décennies, elle a su s’imposer dans de nombreuses disciplines artistiques et plusieurs prix lui ont été décernés au cours de sa carrière, dont le prix Denise-Pelletier en 2005 et le Prix Excellence de la SOCAN en 2009, en plus d’avoir été nommée officière de l'Ordre du Canada en 2010. 

Parmi ses thématiques de prédilection se trouve celle de la réalité des femmes, qu’elle a été l’une des premières à aborder de front, et des doubles standards auxquels elles sont confrontées. Dans ses monologues et chansons, Clémence DesRochers a dénoncé également l’exploitation des classes pauvres. En plus d’avoir fait paraître de nombreux recueils de poèmes, carnets et albums musicaux, l’artiste a brillé grâce aux arts de la scène, du numéro humoristique au théâtre en passant par le mime et la comédie musicale. 

En effet, sa passion pour les mots et la satire a débuté sur les planches du Cabaret Saint-Germain-des-Prés de Montréal, dirigé par Jacques Normand. À compter de 1957, la jeune artiste, fraîchement diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, s’y est produite à de nombreuses reprises. Elle a aussi été l’une des fondatrices du regroupement Les Bozos, en 1959, aux côtés notamment de Jean-Pierre Ferland et de Claude Léveillée.

À l’occasion de son passage sur le plateau de Pour emporter, pour l’émission diffusée le vendredi 17 novembre à 20 h sur ICI ARTV, nous remontons le temps pour survoler sa carrière prolifique. Voici quelques-unes de ses œuvres incontournables.

 

La vie d’factrie (1962)

Ce poème chanté, qui traite de la précarité et des conditions de travail difficiles d’une ouvrière d’une usine textile, a été intronisé au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens en 2020. Cette chanson, que Clémence DesRochers a beaucoup interprétée lors de ses spectacles, est fortement inspirée de Sherbrooke, ville industrielle où elle est née en 1933. En effet, en face de sa maison familiale se trouvaient une filature de coton et une manufacture de bas de soie. Cette composition figure sur son premier disque solo en format 33 tours.

 

Le vol rose du flamant (1964)

Deux ans plus tard, elle réalisait la comédie musicale Le vol rose du flamant, la première œuvre du genre en français au Québec. La pièce, dont la musique est signée Pierre F. Brault, a ensuite été enregistrée sur disque et a inspiré plusieurs artistes, dont l’écrivain Michel Tremblay. Deux ans plus tard, l’artiste a ouvert une boîte à chansons, La Boîte à Clémence, située dans un espace voisin du restaurant Le Fournil, fondé par Yvon Deschamps.

 

Grujot et Délicat (1968)

Son sens du jeu et son charisme l’ont menée au théâtre, mais aussi à la télévision de Radio-Canada à partir de la fin des années 1950. Elle a notamment incarné plusieurs rôles dans des séries télé : La famille Plouffe, Côte de sable, ou encore Grujot et Délicat. C’est avec Jean Besré qu’elle a scénarisé cette dernière série, destinée à un public jeunesse. Elle y tenait également le rôle de Mademoiselle Sainte-Bénite. Très attachée à cette production, Clémence DesRochers a d’ailleurs nommé ses deux chats Grujot et Délicat!

 

Les girls (1969)

La revue musicale Les girls, qu’elle a mise sur pied en 1969 avec les comédiennes Louise Latraverse, Diane Dufresne, Paule Bayard et Chantal Renaud, adoptait un ton incisif, parfois même cru et provocateur, pour véhiculer des valeurs émancipatrices. Sur scène et en entrevue, les cinq interprètes brisaient l’image de la femme docile et polie, s’attirant ainsi les foudres de plusieurs critiques. Qu’à cela ne tienne, l'œuvre a été un succès populaire. À bien des égards, ce spectacle, qui a été présenté partout dans la province, a été précurseur de la vague féministe qui a déferlé la décennie suivante.

 

L’Année de la femme (1975)

Dans ce spectacle solo mordant qui a déclenché les fous rires, Clémence Desrochers ironisait sur l’éveil social qui émergeait durant ces années à propos de la cause des femmes. Avec son monologue satirique, elle a ébranlé consciemment la vision traditionnelle du rôle des femmes dans la société en se moquant de la fameuse Année de la femme ou, comme elle aimait l’appeler, « L’A. de la F. ». Dans ce spectacle, comme dans plusieurs de ses œuvres, l'humoriste n’hésitait pas à s’emparer de sujets tabous, comme la sexualité féminine ou encore les rendez-vous gynécologiques.

 

J’ai show (1989) 

Encore une fois, Clémence DesRochers a mêlé commentaire social et dérision. Dans ce spectacle solo, elle abordait de plein fouet le sujet du vieillissement des femmes et de la ménopause. Avec sa verve dynamique et son espièglerie ainsi qu’un mélange de tendresse et d’ironie, elle a offert une visibilité à ce sujet qui touche les femmes cinquantenaires et dont on n’entendait jamais parler. Quatre ans plus tard, elle a exploré à nouveau le sujet à l’occasion de son spectacle De retour après la [méno]pause.

 

Deux vieilles (2003)

Cette chanson parle d’une relation amoureuse entre deux femmes, et est dédiée à celle qui partage la vie de Clémence depuis une quarantaine d’années : Louise Collette. L’artiste s'est ouverte au début des années 2000 sur sa relation longtemps cachée avec sa conjointe, qui a aussi été sa gérante. Elle a indiqué avoir attendu que la mère de sa partenaire décède avant d’en parler publiquement.

 

Difficile de ne choisir que quelques œuvres clés parmi le répertoire abondant de Clémence! En 2017, alors qu’elle était âgée de 84 ans, elle a annoncé qu’elle tirait sa révérence de la scène. L’année suivante, l’exposition rétrospective Clémence : de la factrie au musée du Musée des beaux-arts de Sherbrooke présentait plusieurs de ses dessins, en plus de documents d’archives et de photographies retraçant les moments forts de son parcours. La biographie Clémence : encore une fois, rédigée par Mario Girard, est parue plus tôt cette année.