L’origine secrète de nos téléréalités
Pier-Luc Ouellet
12 janvier 2022
Si vous croyez que les téléréalités sont en perte de vitesse, il suffit de jeter un coup d’œil à la grille horaire de cet hiver pour réaliser qu’il n’en est rien : ces émissions se multiplient plus vite que les personnes qui participent à L’amour est dans le pré!
Mais d’où nous arrivent ces émissions? Dans la majorité des cas, ce sont des concepts importés d’ailleurs. Toutefois, comme vous le verrez, le Québec aime beaucoup son statut de société distincte et en a profité pour modifier plusieurs concepts…
Star académie
Crédits photo : LA PRESSE CANADIENNE / FRANÇOIS ROY
C’est un peu cette émission qui a lancé la folie des téléréalités au Québec en 2003. Là, on vous entend déjà dire avec fierté : « Ah! Ça, je le sais! C’est une adaptation de Star Academy, avec un "y", parce qu’en France, on aime vraiment ça avoir l’air de savoir parler anglais. »
Sauf qu’en fait, Star Academy en France était déjà une adaptation de Operación Triunfo, une idée élaborée en Espagne.
Le concept y est légèrement différent : au départ, le jury mettait quatre participants ou participantes en danger. Les profs sauvaient une de ces personnes, et les autres jeunes, une seconde. Puis le public votait pour sauver l’une des deux restantes.
La formule a légèrement changé au fil des années, mais elle reste semblable : le jury sélectionne un nombre de participants et participantes à sa guise à mettre en danger, mais le public peut également octroyer des privilèges à son candidat ou à sa candidate de prédilection grâce à un vote mobile.
L’autre différence majeure, c’est que lors de plusieurs éditions, le gagnant ou la gagnante ne remportait pas seulement un contrat de disque, mais représentait également l’Espagne à l’occasion du prestigieux concours Eurovision.
Opération triomphe, ce serait un titre plus excitant que Star académie, non?
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Big Brother célébrités
Crédits photo : Noovo
Pouvez-vous nommer une émission originaire des Pays-Bas? Si vous avez nommé Big Brother, vous aviez bien raison, mais en même temps, c’est un peu facile, parce que c’est le paragraphe sur Big Brother.
L’émission a été créée en 1999 au pays des tulipes. Son succès est phénoménal, puisque le concept a été repris dans 62 pays et régions, pour un total de 504 saisons, soit 2 de moins que Salut Bonjour.
Partout dans le monde, l’émission s’appelle Big Brother, sauf dans les pays hispanophones, qui l’ont rebaptisée Gran Hermano (pourquoi pas Gros frère au Québec?).
Oh, et pourquoi précise-t-on les régions? Parce que certains pays ont plusieurs versions en langues différentes, comme le Canada, qui a une version québécoise et canadienne. Cependant, à ce chapitre, l’Inde bat tous les records, avec sept versions : en hindi, en marathi, en tamil, en bengali, en telugu, en kannada et en malayalam.
Plusieurs rebondissements ont été ajoutés au fil des saisons. Le plus étonnant a été conçu au Royaume-Uni : Evil Big Brother. Les épreuves sont plus difficiles, et les concurrents et concurrentes peuvent voir des sommes retirées du prix final.
Pour ce qui est de l’idée de jouer à Big Brother avec des personnalités « connues », elle est arrivée assez vite. En effet, la première version du genre (Big Brother VIP) a vu le jour en 2000 aux Pays-Bas.
L’amour est dans le pré
On pourrait croire que l’émission L’amour est dans le pré a été créée ici, tellement les Québécois et les Québécoises se la sont appropriée.
C’est pourtant un concept importé du Royaume-Uni : Farmer Wants a Wife… en quelque sorte.
C’est que si le concept y a officiellement été créé, il est largement inspiré d’une émission suisse diffusée en 1983, Bauer sucht Bäuerin, qu’on peut traduire par « agriculteur recherche une femme d’agriculteur ». On ne reprochera pas à la Suisse de ne pas être assez descriptive!
Les États-Unis ont adapté le concept, et évidemment, ils l’ont rendu très américain. Dans leur version, 10 femmes tentaient de séduire un fermier célibataire. Et disons que le fermier en question avait beaucoup d'adbos!
Bref, ce n’est pas tout à fait ce qu’on connaît au Québec, où les participants et participantes cherchent sincèrement l’amour dans le but non pas de gagner un prix, mais bien de faire 1000 bébés d’ici deux ans.
5 gars pour moi
Il s’agit d’un autre concept développé par la boîte britannique Fremantle, tout comme L’amour est dans le pré.
Cette émission, dont l’adaptation québécoise commencera au printemps sur les ondes de TVA, propose à une célibataire d’emménager avec cinq prétendants. Chaque jour, elle en élimine un, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que l’élu de son cœur (pourvu qu’il soit possible de trouver l’amour en une semaine).
Le concept est plutôt récent. La version québécoise sera la première adaptation de la série britannique originale, dont les droits ont été acquis en 2019.
Quelles seront les différences avec l’émission originale? Il faudra écouter 5 gars pour moi pour le savoir!
Un souper presque parfait
Crédits photo : Zone 3 et Noovo
Coudonc, les Britanniques ont bien du talent pour développer des concepts de téléréalité? Oui, Un souper presque parfait est également inspiré d’un de leurs concepts, Come Dine With Me. Dans la version originale, au lieu de faire leurs critiques dans la chambre de la personne qui reçoit ou dans son stationnement, les convives donnent leurs notes dans le taxi qui les ramène à la maison.
Come Dine With Me est un succès retentissant : le concept a connu 45 versions partout dans le monde.
Et si Un souper presque parfait n’est pas vraiment une traduction directe de Come Dine With Me, certaines traductions sont encore plus drôles. Parmi elles : la version brésilienne, Jogo de Panelas (« un jeu de casseroles »); le mystérieux Celebert selskap norvégien (« célébrer soi-même et tous »); la version slovaque Bez servítky (« sans serviette »); et notre favori, la version néerlandaise Smaken Verschillen (« vos goûts diffèrent »).
La téléréalité en offre vraiment pour tous les goûts, alors vous en trouverez certainement une qui saura vous plaire! Et rappelez-vous que la modération a bien meilleur goût, même quand vous regardez la télé.
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