Quelle représentation pour les handicaps au petit écran?

Quelle représentation pour les handicaps au petit écran?

24 novembre 2021

Ce billet vous est offert par l'équipe web de C'est juste de la TV

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Le 16 décembre prochain, AMI-télé fêtera son sixième anniversaire! Jeune chaîne dans notre galaxie télévisuelle, elle a pour objectif d’aborder les préoccupations et la réalité des gens en situation de handicap. Avec des émissions comme Pas de panique, on cuisine! adaptées pour les personnes malvoyantes, des portraits touchants tels ceux de l’émission L’amour pour tous ou encore des séries de fiction avec vidéodescription, la chaîne présente un contenu qui est toujours pertinent, et ses émissions plaisent à un large public. Ami-télé a rapidement démontré qu’elle répondait à un besoin en étant au service de plus de cinq millions de Canadiennes et de Canadiens vivant avec un handicap.

Malgré tout, en 2021, les handicaps sont-ils bien représentés au petit écran?

 

Selon des données statistiques de l’Office des personnes handicapées du Québec dévoilées en 2017, 1 053 350 personnes vivent avec une incapacité ou un handicap au Québec, soit 16,1 % de la population. Cependant, ces chiffres ne semblent pas se refléter dans notre télévision. Qu’on parle d’un handicap visuel, de problèmes d’audition ou de surdité, de difficultés de mobilité ou d’un handicap physique ou intellectuel, ces statistiques démontrent clairement que les gens qui sont en situation de handicap sont encore sous-représentés dans notre télévision.

 

Quelques exemples marquants

Il est vrai que, depuis quelques années, on voit de plus en plus de personnages avec un handicap dans nos séries, documentaires ou magazines. On n’a qu’à penser au personnage de Léon (Noah Parker) dans la superbe série Six degrés, dont l’histoire tourne autour de son handicap visuel. La série montre l’adaptation de Léon alors qu’il doit changer de maison et d’environnement à la suite du décès de sa mère. À travers les scènes de la fiction, on apprend à découvrir le quotidien et la réalité de Léon, qui ne voit qu’à six degrés d’un seul œil.

6 degrésSix Degrés, crédit photo : ICI TOU.TV

 

Dans la série Mon meilleur ami, le personnage d’Alex, incarné par Claude Legault, devient paraplégique après un accident d’escalade. On suit par la suite son cheminement pour apprendre à vivre avec son handicap, les deuils auxquels il doit faire face ainsi que la détresse psychologique qu’il ressent avant d’en arriver à l’acceptation de son nouvel état physique.

Mon meilleur amiMon meilleur ami, crédit photo : Crave

 

Dans Annie et ses hommes, diffusée sur les ondes de TVA de 2002 à 2009, Émilie Bibeau et Marc Béland ont charmé le public québécois en incarnant les inoubliables Rosalie et Renaud, un couple aux prises avec une déficience intellectuelle qui essayait de vivre une vie identique à celle d’adultes autonomes, avec tous les défis et obstacles que ça comprenait. Le tout était présenté avec une grande humanité et beaucoup d’humour; souvenons-nous de « c’est vendredi, on fait l’amour! »

Gang de malades, diffusée sur la chaîne Z en 2015, était une émission humoristique de caméras cachées dans laquelle l’humoriste Pierre Hébert et des interprètes vivant avec un handicap piégeaient des gens à leur insu. L’émission présentait des comédiennes et des comédiens non voyants, de petite taille, avec une amputation ou encore une déficience intellectuelle. L’émission servait habilement à déboulonner certains préjugés et à présenter, au moyen de beaucoup de sensibilité et d’autodérision, le quotidien de personnes en situation de handicap.

Dans la série Léo, diffusée sur les ondes de Club illico et de TVA, le comédien Jean-Michel Girouard incarne Yannick, le frère de Cindy (Marie-Laurence Moreau). Yannick est un jeune amateur de hockey aux prises avec une déficience intellectuelle. Il vient égayer et ponctuer de situations cocasses le quotidien du nouveau couple formé par Cindy et Léo (Fabien Cloutier).

LéoLéo, crédit photo : TVA et Encore Productions

 

De son côté, le comédien Frédérick De Grandpré a interprété deux fois plutôt qu’une un personnage vivant avec un handicap. Dans la série policière Fortier, il incarnait le rôle de Mario Doyle, un homme troublant et troublé ayant une déficience intellectuelle. Dans la série Tribu.com, diffusée de 2001 à 2003 à TVA, il jouait le rôle d’un concierge sourd et muet.

Plusieurs autres personnages en fauteuil roulant ont aussi marqué le petit écran. Maxim Marois (Guillaume Lemay-Thivierge) était l’avocat paraplégique dans la série Lance et compte (La revanche en 2006 et Le grand duel en 2009). Vincent Graton a campé le rôle d’Harvey, un policier lourdement handicapé à la suite d’un accident dans la série 19-2, tandis que Sophie Lorain a incarné la chef de police Maryse Ferron dans la série Portrait-robot, diffusée cette année sur les ondes de Club illico. La comédienne Mylène Mackay a aussi interprété le rôle de Maude, la copine de Sarah (Magalie Lépine-Blondeau), dans la nouvelle série Sans rendez-vous.

 


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ET LA DISTRIBUTION?

Une autre question se pose : des personnages ayant un handicap peuvent-ils être interprétés par des comédiennes et des comédiens qui n’en ont pas? Le débat est ouvert.

Au Québec, l’un des seuls comédiens vivant réellement avec un handicap est Dave Richer, qui s’est fait connaître dans plusieurs séries et films québécois. Atteint de paralysie cérébrale, il a entre autres joué dans L’heure bleue, Bob Gratton : ma vie my life et Les Bougon, c’est aussi ça la vie!

Deux jeunes et talentueuses comédiennes atteintes de trisomie 21 ont aussi interprété des personnages dans des séries récentes. La comédienne Stéphanie Colle a interprété le rôle de Jeanne dans la série Nuit blanche (Radio-Canada), tandis que Camille Vincent a joué Danahée, la fille du personnage de Karine Vanasse dans la série Après (Radio-Canada aussi).

 

LE CHOIX DE LA TRAME NARRATIVE

À travers toutes ces émissions, on observe souvent qu’un personnage avec un handicap vient « aider » la quête ou l’intrigue du personnage principal. Il faut aussi se rappeler qu’un handicap ne définit pas une personne ou un personnage; le personnage principal d’une série pourrait tout aussi bien vivre avec un handicap sans que l’histoire tourne autour de cette incapacité. Par exemple, le personnage principal d’une série pourrait être malvoyant, ou encore avoir un handicap à une jambe, sans qu’on en vienne nécessairement à modifier l’histoire.

En montrant davantage de gens avec des handicaps à la télévision, ces derniers seront mieux représentés. Bien que la télévision soit d’abord du divertissement, elle a aussi une vocation utilitaire et peut tout aussi bien servir à montrer une réalité qu’à défaire certains préjugés. 

On peut observer un effort pour une plus grande représentation du côté des diffuseurs depuis quelques années, mais les handicaps au petit écran demeurent sous-représentés. Alors qu’on prétend que la télévision sert souvent de miroir de la société, il faut admettre qu’il y a encore du chemin à faire pour que ce soit vraiment le cas!

 

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