Ces personnalités qui se sont éteintes en 2023
Philippine de Tinguy
4 décembre 2023
Notre rétrospective de l’année 2023 serait incomplète sans un hommage aux personnalités canadiennes qui se sont éteintes cette année. Voici quelques-unes des figures qui resteront gravées dans nos mémoires.
Louisette Dussault
Crédit : Radio-Canada/Jean-Pierre Karsenty. Louisette Dussault en 1970.
Celle qui a marqué toute une génération avec son personnage de la Souris verte est décédée le 14 mars 2023, à 82 ans.
Louisette Dussault rêvait de devenir soprano. C’est finalement sur les planches, mais aussi au petit et au grand écran que la comédienne a démontré l’étendue de son talent. On se souvient notamment de son rôle de Marilyn, qu’elle a incarné de 1991 à 1994 dans le téléroman du même nom, et celui de la Vierge Marie dans la pièce de Denise Boucher Les fées ont soif, jugée blasphématoire lors de sa sortie, en 1978. Pionnière du théâtre féministe au Québec, elle a participé à la fondation de plusieurs compagnies. Louisette Dussault s’est également illustrée à l’écriture et à la mise en scène. Son spectacle solo Moman, qu’elle a présenté pas moins de 500 fois, lui a d’ailleurs valu plusieurs distinctions à l’international.
Michel Côté
Crédit : Radio-Canada
Le décès de « Monsieur box-office », survenu le 29 mai 2023 alors que l’acteur n’avait que 72 ans, a créé toute une onde de choc dans le milieu artistique et auprès du public. Atteint d’une maladie de la moelle osseuse, Michel Côté s’était retiré de la vie publique en avril 2022.
Difficile de résumer sa carrière à quelques personnages tant l’acteur chouchou des Québécois et Québécoises a brillé sur les planches comme à l’écran dans un large registre. Michel Côté a marqué les esprits avec le succès Broue, pièce qu’il a présentée plus de 3000 fois en 38 ans, mais aussi avec C.R.A.Z.Y., Cruising bar, Omertà, Piché : entre ciel et terre, La petite vie ou encore De père en flic 1 et 2. Dans un entretien, le comédien expliquait le succès de sa carrière, qui aura duré près de 50 ans, par « une pincée de talent, une touche d’audace, du travail acharné et beaucoup de chance ». Cette recette démontre toute l’humilité et la sensibilité de cet homme rassembleur pour qui la médiocrité n’était pas une option.
Denise Bombardier
Crédit : Éditions Robert Laffont.
La journaliste et chroniqueuse est décédée des suites d’un cancer du foie le 4 juillet 2023, à 82 ans.
Recrutée dès l’âge de 12 ans par Radio-Canada pour réaliser des entrevues dans une émission pour enfants, Denise Bombardier a été à la barre de plusieurs autres productions sur les ondes de la société d’État, et ce, pendant plus de 30 ans. Féministe, elle a par ailleurs été la première femme à animer une émission d’affaires publiques, Noir sur blanc, de 1979 à 1983, ce qui lui a permis de démontrer ses talents d’intervieweuse, tant avec des personnalités politiques que des artistes. Diplômée en sciences politiques et en sociologie, Denise Bombardier n’a jamais caché son amour pour les controverses et les polémiques, défendant ses prises de position avec ardeur. En plus d’avoir signé de nombreuses chroniques pour Le Devoir et, plus récemment, pour le Journal de Montréal, elle a publié une vingtaine de romans et d’essais.
Yvon Pedneault
Crédit : NHL.
Le journaliste sportif s’est éteint le 26 août 2023, à 77 ans, emporté par un cancer fulgurant.
Celui qui a commencé sa carrière dans les médias en 1965 au Saguenay a passé près de six décennies à transmettre son amour pour le hockey sur les ondes radiophoniques et télévisuelles, ainsi que dans les pages de quotidiens comme La Presse et le Journal de Montréal, où il a signé des chroniques jusqu’à son décès. Fin analyste des matchs du Canadien, Yvon Pedneault était aussi reconnu pour sa bonne humeur, son professionnalisme et son incroyable connaissance de la Ligne nationale de hockey. Pas étonnant qu’il ait été intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1998. Outre son sport de prédilection, ce passionné a couvert plusieurs Jeux olympiques au cours de sa carrière, dont ceux de Montréal, en 1976.
Hubert Reeves
Crédit : AFP/Thomas Coex.
L’astrophysicien et écologiste québécois est décédé à Paris le 13 octobre 2023. Il avait 91 ans.
Né à Montréal en 1932, Hubert Reeves développe une fascination pour le cosmos dès son plus jeune âge. C’est donc tout naturellement qu’il se tourne vers des études en astrophysique nucléaire, domaine dans lequel il obtient un doctorat. Il consacre ses premières années à l'enseignement et devient parallèlement conseiller scientifique pour l’Agence spatiale américaine (NASA), puis au Commissariat à l’énergie atomique, en France. Vulgarisateur scientifique hors pair – un talent hérité de sa grand-mère Charlotte, qui avait un don pour raconter les histoires –, Hubert Reeves est parvenu à transmettre son savoir à un large public. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Poussières d’étoiles, sorti en 1985, et L’Univers expliqué à mes petits-enfants, en 2011.
Ce grand humaniste était également un fervent militant pour la défense de l’environnement, un thème indissociable de l’astronomie selon lui.
Guy Latraverse
Crédit : Radio-Canada.
Considéré comme « le père du show-business du Québec », Guy Latraverse s’est éteint dans son sommeil le 14 octobre 2023, à 84 ans.
Le natif de Chicoutimi a fait ses premiers pas comme impresario en 1963, quand sa sœur, Louise, lui présente Claude Léveillée. Rapidement, son bagou et ses idées de grandeur ont séduit d’autres artistes, comme Robert Charlebois, Yvon Deschamps, Diane Dufresne ou encore Jean-Pierre Ferland, qui ont vu leur carrière décoller grâce à lui. Il a notamment produit les mythiques L’osstidcho de 1968 à 1969, J'ai vu le loup, le renard, le lion, en 1974, ainsi que le spectacle de Diane Dufresne au stade olympique, Magie rose, en 1984. Grand visionnaire, Guy Latraverse est également à l’origine de l’ADISQ et des FrancoFolies de Montréal, qu'il a cofondés en 1978 et en 1989 respectivement.
Autre preuve que ce grand homme était en avance sur son temps, il n’a pas hésité à prendre la parole pour parler de santé mentale après avoir reçu un diagnostic de trouble bipolaire, en 1986.
Karl Tremblay
Crédit : Mathieu Lavoie.
Une autre disparition a suscité l’émoi au Québec, mais aussi de l’autre côté de l’Atlantique. Le 15 novembre 2023, le chanteur des Cowboys Fringants a succombé à un cancer de la prostate, qu’il combattait depuis 2020. Il avait 47 ans.
Si on le savait affaibli par la maladie qui a forcé le groupe à annuler quelques spectacles ces derniers mois, Karl Tremblay a continué autant que possible de se produire sur scène, heureux de retrouver son public. La prestation des Cowboys Fringants au plus récent Festival d’été de Québec restera d’ailleurs inoubliable; 90 000 personnes ont répondu présentes pour témoigner de leur admiration. À l’annonce du décès du chanteur, des milliers d’admiratrices et admirateurs de la formation, toutes générations confondues, se sont rassemblés spontanément pour entonner certaines de ses chansons phares, dont Sur mon épaules, Toune d’automne, L'Amérique pleure, Les étoiles filantes ou encore Ici bas.
Preuve que la personnalité hors-norme de Karl Tremblay faisait l’unanimité auprès du public québécois, celui-ci a pu lui rendre un dernier hommage à l’occasion d’une cérémonie nationale au Centre Bell. Il laisse dans le deuil sa femme, la multi-instrumentiste et membre du groupe Marie-Annick Lépine, ainsi que leurs deux filles, Simone et Pauline.
Nous offrons toutes nos condoléances aux proches de ces personnalités inoubliables.