Les séries d’ici qui ont marqué 2023

Les séries d’ici qui ont marqué 2023

4 décembre 2023

Cette année encore, les séries télé d’ici ont inondé nos écrans. Et nombreuses sont les productions québécoises qui sont parvenues à nous tenir en haleine chaque semaine, parfois même quotidiennement! 

Parmi cette vague de propositions télévisuelles inspirantes, huit nous ont particulièrement marquées.  

 

À cœur battant

À cœur battant gravite autour du Centre de prévention de la violence (CPV), un organisme communautaire qui intervient auprès des hommes violents. On y retrouve le psychoéducateur de l’école Marie-Labrecque (Toute la vie), Christophe L’Allier, interprété par Roy Dupuis, dont la mission est de réhabiliter ces hommes sans pour autant légitimer leurs gestes. Si cette série aussi poignante que déstabilisante s’attarde particulièrement au cheminement des agresseurs, leurs victimes ne sont pas pour autant reléguées au second plan. Elles peuvent notamment compter sur la fervente procureure de la Couronne Gabrielle Laflamme, incarnée par Ève Landry, pour leur donner une voix et mettre leur bourreau hors d’état de nuire. 

Après une incursion dans le milieu carcéral féminin avec Unité 9, puis dans le quotidien d’adolescentes mères ou en voie de le devenir dans Toute la vie, Danielle Trottier explore un autre sujet complexe et tristement actuel en donnant cette fois-ci la parole aux hommes. Un pari certes risqué, mais nécessaire pour comprendre comment naît cette violence et, à terme, l’éradiquer. Au fil des épisodes, l’autrice nous emmène dans le passé des deux protagonistes qui tentent, eux aussi, de se reconstruire après un traumatisme. 

La saison 1 est offerte sur ICI Tou.tv.

 

Sans rendez-vous 2

Une année s’est écoulée depuis que nous avons quitté Sarah, campée par Magalie Lépine-Blondeau, infirmière-sexologue dans une clinique de santé sexuelle, et ses collègues d’une attachante excentricité. Si la finale de la première saison laissait plusieurs questions en suspens, comme la véritable raison du retour de l’antipathique mère de Sarah et l’identité de son père biologique, la deuxième saison promet aussi son lot de rebondissements amoureux et amicaux. Sans parler de la patientèle de la clinique aux prises avec des problèmes pour le moins loufoques qui donnent toujours lieu à des scènes savoureuses.

La saison 2 de Sans rendez-vous est surtout l’occasion d’explorer avec un brin d’humour des enjeux de santé et de société, portés notamment par le personnel de la clinique et habilement amenés par la scénariste Marie-Andrée Labbée. On retrouve, par exemple, Dominique (Isabelle Vincent), toujours affectée par sa préménopause, alors que Lou, réceptionniste non binaire, continuera à s’affirmer, non sans heurts. On en découvre aussi un peu plus sur les déboires amoureux, teintés de grossophobie, de l’arrogant Dr Gagné (Stéphane Crête), et sur les expérimentations sexuelles de la prude Yasmine (Fabiola Nyrva Aladin). Bref, on se réjouit de retrouver cette galerie de personnages dysfonctionnels et une Sarah plus complexe que jamais.  

La saison 2 est offerte sur ICI Tou.tv.

 

Ça prend pas la tchas à Papineau

À la suite du décès de sa femme, Jojo, jeune papa de deux garçons, tente tant bien que mal de maintenir un noyau familial solide. Mais entre son emploi dans un salon de barbier et son nouveau rôle de père monoparental, son quotidien est loin d’être de tout repos. Alors qu’il voit son fils Olivier, 13 ans, s’isoler peu à peu, Jojo remarque aussi plusieurs signes de délinquance chez Randy, 9 ans, qui ne sont pas sans rappeler sa propre jeunesse. Pour aider ses enfants à garder le cap, à s’aimer et à se faire confiance, Jojo devra lui-même apprendre à s’écouter et à exprimer ses émotions.

Ça prend pas la tchas à Papineau – « tchas » désignant une coupe de cheveux aux contours très définis en créole – aborde avec sensibilité des thèmes trop peu exploités, comme la paternité et la masculinité. Écrite par Lex Garcia et réalisée par Émilie Mannering, qui en sont à leur troisième collaboration, cette série dramatique aux accents du Maghreb, d'Haïti et d'Amérique latine rend compte avec brio de la richesse de notre diversité culturelle.

La série est offerte sur ICI Tou.tv Extra.

 

La candidate

Catherine Chabot dans La Candidate.
Catherine Chabot dans La Candidate. Crédit : Radio-Canada.

Alix Mongeau est une mère monoparentale, technicienne en pose d’ongles, qui ne possède aucune expérience en politique et n’a aucun intérêt pour la chose. À l’aube de ses 30 ans, elle accepte pourtant d’être candidate poteau pour le Parti progrès et démocratie du Québec (PPDQ) dans une circonscription où ses chances de gagner sont nulles. En principe. Fraîchement élue, la députée de Dufferin devra apprendre à composer avec ses nouvelles fonctions politiques, alors que se trame un scandale environnemental. Heureusement, elle pourra compter sur le soutien de l’inflexible Salima, sur sa coiffeuse et meilleure amie et sur le père de sa fille pour tout mener de front.

La candidate, signée par l’autrice Isabelle Langlois à qui l’on doit notamment Lâcher prise, n’est pas sans rappeler le parcours de la candidate du NPD Ruth Ellen Brosseau. 

Si la protagoniste incarnée par l’excellente Catherine Chabot a, de prime abord, tout d’une caricature – trop bronzée, trop fardée, trop spontanée –, elle se révélera rusée, débrouillarde, bienveillante et persévérante, non sans quelques dérapages qui donnent lieu à des scènes hilarantes. Bref, on adore suivre la députée de Dufferin, « la place où le fun va pour mourir », dans l’arène politique, mais aussi dans sa circonscription, à la rencontre d'électrices et d'électeurs hauts en couleur.  

La série est offerte sur ICI Tou.tv Extra.

 

L’empereur

Nous sommes en 2005. Le séduisant Christian, joué par Jean-Philippe Perras, publicitaire dans une agence en vogue et futur papa comblé, a tout du gendre idéal, si ce n’est un « accident de parcours » avec sa collègue Manuela, interprétée par Noé Lira. Cet événement n’empêchera pas la jeune femme de gravir les échelons et de devenir l’associée de Christian, maintenant le président de la boîte et un bienfaiteur respecté. Tout s’écroule en 2015, à l’aube du mouvement #MoiAussi, quand une femme accuse Christian de l’avoir violée. Peu à peu, d’autres victimes se manifestent, le faisant tomber de son piédestal. Cela forcera notamment Manuela à replonger dans de douloureux souvenirs.

Écrite par Michelle Allen, qui a aussi signé les textes de Fugueuseet d’Eaux turbulentes, la série L’empereur relate la construction et l’ascension d’un prédateur qui a agi en toute impunité pendant des années. L’autrice rend aussi compte du courage des femmes qui, après avoir croisé la route de Christian, ont osé briser le silence, tout en s’intéressant au cheminement de chacune sur une décennie. Bonne nouvelle : une deuxième saison a d’ores et déjà été annoncée! 

La série est offerte sur Crave.

 

Après le déluge

Après le déluge.
Crédit : Noovo.

Maxime Salomon est une policière aux méthodes peu orthodoxes qui n’hésite pas à s’impliquer auprès des jeunes d’un quartier défavorisé malgré la réticence de sa hiérarchie. Déterminée à prouver que ce ne sont pas des causes perdues, elle décide de prendre sous son aile Dylane, Jay, Vincent et Eva qui flirtent avec la petite délinquance et frôlent dangereusement une sanction judiciaire. Comment? En les initiant aux arts martiaux mixtes pour, à terme, briser le cycle de violence dans lequel ces jeunes se débattent afin de les aider à en sortir. Pour y parvenir, Dylane, Jay, Vincent et Eva devront combattre sur le ring, mais aussi se heurter à leurs propres démons.

Écrite, réalisée et coproduite par Mara Joly, cette série de six épisodes nous plonge dans le quotidien de ces personnages, sans pour autant tomber dans les clichés faciles. Si elle témoigne des déboires journaliers de nos quatre protagonistes, qui se renvoient la balle en français, en anglais, en créole et en espagnol, Après le déluge s’attarde davantage à ce qui les anime et aux moyens qu’ils et elles mettront en œuvre pour se débarrasser de leur étiquette de parias de la société. Surtout, la série nous permet de découvrir le formidable talent de jeunes interprètes de la diversité.

La série est offerte sur Noovo.

 

Les révoltés

Éléonore St-Laurent, jouée par Sarah-Jeanne Labrosse, et Jacob Gravel-Duquette, incarné par Pier-Luc Funk, sont deux millénariaux révoltés par que les inégalités et la rigidité du système révoltent. Elle est avocate et défend la veuve et l’orphelin. Lui est journaliste d’enquête et dénonce les injustices à grands coups de manchettes. Ensemble, le duo compte bien faire bouger les choses et porter secours aux individus que la société laisse pour compte, malgré quelques désaccords ponctuels sur l’art et la manière de le faire. Au fil de cette première saison, Éléonore et Jacob traqueront sans relâche l’oppression et les iniquités. 

Écrite par Anita Rowan, aussi autrice des Yeux fermés, et produite par Fabienne Larouche et Michel Trudeau, la série Les révoltés traite, souvent sur plusieurs épisodes, d’enjeux sociaux, comme l’immigration, les Premières Nations, les violences conjugales et l'itinérance. Le premier cas d’Éléonore et Jacob, celui d’une préposée aux bénéficiaires d’origine haïtienne menacée d’expulsion après avoir fui son pays et son mari violent, nous tient d'ailleurs en haleine d’un bout à l’autre de la saison. Ne nous méprenons pas : cette série est bien plus qu’une simple critique de la société. Nos deux protagonistes ne se contentent pas de crier à l’injustice. Éléonore et Jacob trouvent des moyens concrets pour aider les personnes les plus démunies en exploitant les failles du système contre lequel elles se battent.  

La série est offerte sur Club illico.

 

L’air d’aller 

Katrine, Cindy, Gabriel et Jimmy ont entre 25 et 30 ans et partagent un point commun : la fibrose kystique. Cette maladie pulmonaire pour laquelle il n’existe aucun traitement incite les quatre jeunes adultes à profiter de la vie avant que celle-ci ne les laisse tomber. Alors quand le couperet tombe sur Katrine, jouée par Catherine St-Laurent, qui apprend qu’il ne lui reste que cinq mois à vivre si elle ne reçoit pas de nouveaux poumons, son urgence d’exister va insuffler à la joyeuse bande une envie d’aventures.   

L’air d’aller est née de la plume de Jean-Christophe Réhel, à qui l’on doit aussi le roman semi-autobiographique Ce qu’on respire sur Tatouine, sorti en 2018. Lui-même touché par la fibrose kystique, l’auteur démontre que l’on peut vivre du beau, même quand on se sait condamné. S’il reconnaît avoir mis un peu de lui dans chacun de ses personnages, la série en reste une de fiction. Ce qui est toutefois bien réel, c’est la pluralité des émotions avec lesquelles les personnes malades doivent composer au quotidien. Chaque épisode est d’ailleurs ponctué d’une scène dansée, un exutoire qui permet aux protagonistes tantôt d’exprimer leurs émotions, tantôt de reprendre possession de leur corps. 

La série est offerte sur Télé-Québec et Tou.tv.

 

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